Commençons par vous souhaiter la Bonne Année!!!
Toutes nos excuses pour ce message tardif ! Ces derniers temps, nous voyageons a plusieurs, a une autre vitesse , ce qui perturbe l'ecriture de notre journal de bord...
Avant de reprendre le récit de nos aventures, j'aimerai parler de ce qui se passe en Inde en ce moment.
Le pays est en deuil, comme vous en avez sûrement entendu parler, suite a la mort d'une jeune femme après avoir subie un viol a New Delhi. Des manifestations s'organisent dans tous le pays pour demander a l'Etat de réagir, a la police de mieux prendre en considération les plaintes déposées par les femmes. Les victimes de viol se heurtent souvent à l'indifférence de la police et de la justice, quand elles ne sont pas jugées responsables de leur sort.
La semaine dernière, nous étions mes parents, Tom et moi, a Madurai (Tamil Nadu, Sud de l'Inde) au musée mémorial de Gandhi et nous avons participe a une de ces manifestations. Hommes et femmes étaient réunis pour déposer bougies et gerbes de fleurs et se recueillir. Autant vous dire que c'etait émouvant.
Alors je profite de l'espace qu'offre ce blog pour en parler et faire le voeux pour cette nouvelle année 2013 de respect et d'amour entre nous, chers humains. Je pense fort a ces femmes indiennes et a toutes les femmes du monde.
Et comme le dit le mantra suivant :
'' Que tous les êtres puissent être heureux, que tous les êtres puissent trouver le bonheur "
NEW DELHI (Inde) REUTERS/Amit Dave
Pour mieux comprendre la situation, voici un article que je trouve intéressant de l'historien et indianiste Michel Angot.
"La société indienne paie très cher la modernisation à marche forcée" :
- " L'urbanisation et l'affaiblissement de la notion de communauté et de culture jourait un rôle important dans la montée des crimes contre les femmes.
La "modernité" passe par la destruction des liens qui, jusque là, fédéraient les hommes et permettaient de limiter, sinon de résoudre, les conflits.
Jusqu'à présent encore, dans les campagnes, un contrôle social très fort s'exerce au sein de chaque communauté, de chaque caste; il s'agit d'un contrôle collectif, la notion d'individualité étant quasiment absente des sociétés traditionnelles.
Aujourd'hui, à cause d'une modernisation mal ou pas contrôlée, les communautés villageoises envoient certains de leurs membres, les meilleurs parfois, et aussi les pires, dans les villes pour y chercher du travail ou se débarrasser d'eux.
Là, le contrôle traditionnel se relâche et il n'est pas encore remplacé par un contrôle de l'État. Cela entraîne une grande violence qui s'exerce sur tous, les hommes comme les femmes, mais plus encore sur ces dernières.
- La dévalorisation des femmes, ancienne, s'est fortement accrue depuis quelque cent ans, spécialement dans le nord.
La question du féminin est pleine d'ambiguïté dans le sous-continent. Les notions de féminité et de virilité y sont très prégnantes: chaque sexe a son rôle, son identité, porte des signes distinctifs.
Mais tandis qu'une très ancienne dévalorisation du féminin se perpétue, l'Inde a aussi un problème quant à l'image de la virilité.
Dans l'histoire, les musulmans ont longtemps eu le monopole de la virilité dans l'imaginaire de la population. Ce sont eux qui se sont battus contre le colonisateur anglais. L'élite militaire, les maharadjas hindous sont d'ailleurs considérés comme des collaborateurs de l'empire britannique par les nationalistes comme Nehru.
La place des femmes dans les hautes castes n'en est que plus paradoxale.
La perte du rôle guerrier des hommes a abouti à une redéfinition de la place des femmes qui a pris plusieurs aspects. Cela a donné naissance, à la fin du 18e siècle, au phénomène des satis, ces veuves brûlées à la mort de leur mari. A l'origine, ce phénomène apparaît après les défaites militaires contre les troupes musulmanes. Pour éviter de tomber aux mains des vainqueurs, les femmes se suicident. Elles rachètent, par la même occasion, les défaites militaires de leurs maris. Cette pratique n'est au départ encouragée et valorisée que dans les castes guerrières.
Parallèlement, certaines femmes des hautes castes prennent la place de leurs maris quand ceux-ci viennent à disparaître. C'est le cas de Lakshmibai, la " Jeanne d'Arc indienne ", qui participe à la révolte des Cipayes contre les Britanniques en 1857, et en prend la tête parce que son mari est mort. Elle meurt sabre au clair en 1858. Le rôle d'une Indira Ganghi, la fille du héros de l'indépendance Nehru, qui prend la direction du parti du Congrès puis du pays à la mort de son père et d'un certain nombre de dirigeantes politiques dans plusieurs États indiens en est une autre illustration.
Mais ces situations exceptionnelles ne peuvent cacher la forte dévalorisation des femmes, qui s'aggrave depuis deux siècles. Depuis quelques décennies, la femme n'est plus appréciée que lorsqu'elle peut donner naissance à des enfants mâles. Il s'agit d'une tendance qu'on observe particulièrement dans l'Inde du nord-ouest, dont Delhi. L'élimination des enfants de sexe féminin, renforcé par la pratique de l'avortement en est l'un des symptômes. Par le passé, on ne faisait pas disparaître les petites filles comme on le fait aujourd'hui. On parle même de "sexocide" car des millions de femmes manquent à l'appel. Outre la dévalorisation des filles, la pratique de la dot -toujours en vigueur bien qu'elle si soit officiellement interdite depuis 1961 (encore un témoignage de la faiblesse de l'État qui n'est pas capable d'appliquer la loi)- fait de la venue au monde d'une fille un fardeau financier pour les familles.
- Le rapide développement économique de l'Inde a en effet créé une classe moyenne, qui s'est emparée des leviers du pouvoir sur le plan politique et social.
Ces "castes moyennes", qui se sont élevées collectivement, ne veulent plus baisser la tête. Elles ne supportent plus les exactions dont les, leurs femmes notamment, sont victimes. ce serait différent s'il s'agissait d'une femme de basse caste. Il y a trente ans, un fait divers identique n'aurait pas suscité une telle réaction. Les protestations ont d'ailleurs fait tâche d'huile au delà même de la classe moyenne. De nombreux témoignages montrent l'extraordinaire dureté de ces classes moyennes urbanisées, dures envers les faibles, envers les exclus, envers les femmes des autres. Derrière une certaine unanimité que l'on prend pour du féminisme universel, il y a aussi le fait que cette nouvelle société, où l'individualisme et la recherche du profit se sont développés, veut se faire entendre et se tourne vers des institutions dorénavant étatiques.
Le retentissement de cette affaire constitue un électrochoc pour le pays.
L'idéologie moralisatrice post-gandhienne avait amené l'Inde à s'ériger en leader spirituel du monde. Un tel scandale ébranle cette image moralisatrice et interroge l'identité de toute la société indienne."
(voire http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/viol-collectif-en-inde-la-societe-indienne-paie-tres-cher-la-mod)
Au dernier message, nous évoquions Noël passe avec Milena, Nicolas et Benjamin...
Mile et Nico débarquaient pour 3 semaines de voyage et nous retrouvaient au coin d'un bistrot de Bombay pour tester leur premiers jus frais.
Nico nous a fait bien rire des ses premiers pas a Bombay. Ils portaient, heureux, de nouvelles chaussures, aux couleurs du pays (sans s'en rendre compte). Un policier l'arrete lui expliquant que des indiens dans la rue se plaignaient d'un tel outrage et lui demande de les enlever sur le champs. Pieds nus, bredouille, il a du s'acheter un paire de tongues...
Après une petite baignade sur la cote ouest, dans la mer d'Arabie, nous décidons de visiter Hampi... le paradis et grimpeurs et des singes. Nous goûtons au lac, au Tchais et au plaisir de la mobylette entre deux visites des temples sacrées. Milena a fait ses premiers pas de motarde en ces lieux sacres...
Nous retrouvons également Benjamin et passons nos derniers jours avec Myrjam.
Nous étions heureux de partager ces moments et nous retrouver ensemble au bout du monde...
Tom a fait aussi des siennes. Ni une ni deux, il nous a fait quelques galipettes sur les énormes cailloux avant de se casser le bout du nez... Ce qui lui a valu quelques jours de repos allonges... pouvant ainsi méditer sur le monde et ses paradoxes.
Nous décidons ensuite de fêter Noël a la mer et découvrir l'intimite des canaux d'Allepey entoures de villages. Antti, un finlandais faisait parti de l'equipe.
Milena, Myrjam et Nicolas s'envolaient pour la France.
Merci a vous pour ces belles vacances
Maintenant, je vous laisse au bras de Tom, qui prend la suite des aventures,
Je vous embrasse fort
Caroline
Nous attaquons ensuite avec Ben la tournee des grands lieu de pèlerinage du Sud de l'Inde (que l'on est actuellement entrain de continuer...) par la pointe extrême sud du pays, point de rencontre de la mer d'arabie le du golfe du Bengale et l'ocean indien, Kunyakumari.
Les pèlerins s'y rejoignent en masse et défilent dans un petit temple. On découvre l'ambiance des pèlerinages, les nombreux groupes d'hommes vêtus de noir qui parcourent le sud de l'Inde de temple sacré en temple sacré.
Les gens sont très beaux, et nous prenons petit a petit mieux conscience de la place de la religion dans ce pays si particulier, auquel nous nous commençons a nous attacher très fortement.
Le groupe reduit desormais a 3 decida ensuite qu'il etait temps de s'initier aux ashrams (lieu de pratique spirituelle en Inde).
Afin de commencer proprement, le choix se porta sur Amritapuri, 'l'enorme' ashram de l'une des seule femme gurus en Inde.
Une mini ville ou 5000 personnes vivents en communaute, reuni autour d'Amma, femme considere comme un dieu par nombreux de ses devots, et dont la particularite est d'embrasser toutes les personnes qui le souhaitent.
La scene est emouvante, des miliers de personnes venus des quatre coins du monde se suivent afin de pouvoir recolter l'embrassade tant attendue. Les yeux brillents, les indiens sont venus de très loin pour la voir, dans l'espoir d'une benediction, d'une guerison ou juste d'etreindre une personne aussi sacrée. Certains defaillent, d'autres pleurent ouvertement, leurs devouement est impressionant.
Elle, prends le temps de dire a chacun un mot, de les etreindre, de leur murmurer a l'oreille. Nous avons nous aussi le droit a l'embrassade, et je dois reconnaitre une energie puissante et apaisante emanant de cette femme qui consacre sa vie a aider les autres.
Les rencontres a l'ashram sont atypique, entre les touristes comme nous venus voir de quoi il en retourne et les adeptes qui on tout quitter pour suivre cette femme jusqu'au bout du monde. Le soir Amma chante, entouree de talentueux musicien, des bhajans, qui resonnent encore dans nos oreilles.
Mais bientot il est temps de repartir, de dire un au revoir a Ben et un grand merci pour l'aide qu'il m a apporte pour traverser l"inde sur des bequilles, et de lui souhaiter bonne fin de voyage, car Bob et Chris (les parents de Caro) arrivent...
Tom
Et pour finir,
une serie de photographies de femmes,
pelerines qui se reunissent, a la pointe de l'Inde, jonction des 3 oceans...