KUMBH MELA !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
La marche
1h du matin, la petite troupe se met en marche. On vient d'apprendre avec Pierre que le grand bain, la raison principale de notre presence en ce lieu si singulier, aura lieu cette nuit au alentours de 3h. La journee a deja ete longues, une dizaine d'heures de marche dans les pattes a parcourir en longueur le lieu de cet immense festival. A peine aurons nous somnoler une petite heure qu'il faut deja se remettre en route. Depuis notre retour au camp une brume fantomatique a tout recouvert. L'ambiance est surrealiste. Nous avons environ 2h de marche devant nous pour atteindre le Sangham, le lieu sacre ou se rejoignent les 2 rivieres indiennes les plus veneres, le Gange et la Yamuna. Pour le courage la troupe s'arrete pour un petit chai. La nuit est vraiment fraiche, je me blotti dans ma couverture acheter une centaine de roupies qiuelques jours auparavant. Istok, notre ami yougoslave rencontre en Mongolie mene la marche, avec l'assurance que nous lui connaissons. Caro est reste dormir, extenuee et peu rassuree face a l'evenement qui se dessine. On attends du monde, beaucoup de monde. Les premieres rumeurs circulent, 40 millions de personnes devraient normalement venir se baigner dans le Gange en cette journee du 10 fevrier 2013. Ce festival, le plus grand pelerinage de la terre, a lieu une fois tous les 12 ans au moment ou les eaux se transforment en amrita, le nectar de l'immortalite. Nous avancons vers l'inconnue, completement depasse par l'ampleur de la mela et incapable d'imaginer le deroulement des prochains evenements. La brume ajoute a notre desarroi. Les kilometres defilent, nous passons bientot le premier pont. Nous commencons a sentir la foule, et devons batayer pour nous frayer un chemin vers la plage principale.
La foule
Istok repere vite une barriere derriere lequel nous sommes quelque peu separe de la foule. Un premier coup d'oeil nous permet de realiser un simple constat: "il y a du monde, beaucoup de monde". Pierre sort son carnet et commence a noter. Istok assure le spectacle et sympatise avec les policiers poste devant nous. Il faut maintenant essayer de comprendre. Que va-t-il se passer et ou? Il est dur d'imaginer que la foule entiere situe devant nous va se baigner en ce petit matin du 10 fevrier. Nous essayons de glaner des informations. Come toujours en Inde nous obtenons autant de reponses differentes que de questions posees. Il nous semble quand meme que nous sommes au bon endroit, suffisamment pres pour voir et suffisamment loin pour ne pas se faire emporter. Les gens qui passent a proximite de nous parraissent desorientes, depasse eux aussi par l'ampleur demesure de ce moment sacre. Les regards sont hagards, effrayes, les gens se deplacent continuellement dans des directions que nous ne pouvons comprendre. La foule pousse, bouscoule, crie, s'exclame. Un vieille dame se fait ecrase ici, un enfant pleure la bas. La cohue est terrifiante. Il est facile en ce moment d'imaginer la puissance d'une telle quantite de monde reunis en un si petit lieu. Nous sommes finalement deloges par des forces policieres feminine de notre abri de papier et finissons nous aussi au beau milieu des pelerins. Il est dur d'imaginer dans ces visages apeures l'aspect solennel du moment. Le bain dans le Gange qui permet l'immortalite de l'ame n'est qu'a une poignee de metres mais les gens semblent perdus. Cela fait bientot 2h que nous sommes la, il faut que quelque chose se passe, n'importe quoi mais quelque chose.
Le bain
La police ouvre une breche face a nous. La plage qui nous fait face est vide par la force, se qui ajoute encore a la cohue. Mais bientot le bain commence. Les premieres salves de sadhus, menes par les naga babas nues et recouvert de cendres, se ruent vers les eaux sacrees. Nous profitons de la cohue pour echapper aux policiers devant nous et nous diriger vers la fameuse plage. Pierre munis de son carnet et moi appareil photo en bandouilliere passons pour un couple de jeunes journalistes et pouvons nous faufiler aisement. Une fois sur la plage nous assistons enfin au grand desordre. Des miliers de babas qui deboulent dans l'anarchie la plus complete et se jettent a l'eau, des policiers qui usent du bambou pour se faire respecter et degager des espaces. les baigneurs crient, gesticulent, dansent. Les visages sont emerveilles, rieurs, heureux. La joie regne en maitre sur la Mela. Ce spectacle amene un agreable soulagement apres la tension de l'attente. Je tente de me rapprocher de l'eau afin de saisir ses visages lors du contact avec l'eau sacree. La foule est dense. Je me faufile. Quelques naga babas sont entrain de faire le show, brandissant tridents et epees, et hurlant face aux journalistes. La scene est assez comique, comme toujours en Inde le profane se mele au sacre dans un desordre attachant. Je m'approche encore un peu, par gourmandise, lorsque un nouveau bruit attire mon attention juste derriere moi. Je me retourne et fais brusquement face a une nouvelle salve de babas, qui se ruent dans la foule. Le choc est inevitable... Je me retrouve instantanement moi aussi au milieu des baigneurs, dans le Gange sacree, eau jusqu'au genous. Je ne m'etais pas encore decide pour une baignade ou non, quelque peu effraye par la pollution du Gange, mais la destinee aura choisi pour moi... a moi l'immortalite... Appareil photo a bout de bras je rejoins la berge et m'extirpe de ce capharnaum tant bien que mal. De retour sur la plage je regarde les babas faire les beaux. Sur les plages tout autour des millions de gens se baignent. Les Saris multicolores sont mis a secher par leur proprietaires, les gens remplissent des bouteilles d'eau du Gange a ramener dans leur contrees...
La fete
Je me decide enfin a rentrer. La nuit aura ete longue et le chemin du retour le sera d'autant plus. Je passe par le quartier des babas, partage quelques shilom (pipe) avec des nagas, et me dirige vers mon Rainbow camp bien tranquille. Mais le festival lui aussi a ete prit d'assaut. Les sadhus et gourous defile sur des chars au quatre coin de la ville, la foule est dense et danse, dans une allure de carnaval demesuree. Plus besoin d'aller jusqu'a Glastonbury ni au Burning man, j'ai vu la Maha Kumbha Mela...
Tom
Naga babas